Des archivistes découvrent à Laval des plaques de verre photographiques représentant des soldats russe de 14-18. 100 ans après ces clichés oubliés refont surface.
[**« Comment ces plaques sont arrivées ici, je l’ignore. »*]
L’information est arrivée courant avril via la page contact de notre site. L’ archiviste du diocèse de Laval Madame Agnès Gomez vient d’exhumer un lot de plaques de verre très abimées.
La boite où elles sont rangées porte la mention : "soldats russes 14-18 ".
Elle souhaite identifer les personnes et connaitre le lien entre la présence de ces russes et la capitale de la Mayenne.
[**" Une impression de "déjà-vu " *]
Après accord de l’archiviste du diocèse , je reçois une douzaine de ces clichés numérisés.
Les scènes sont des évènements connus qui me rappellent d’autres photographies.
Deux d’entre-elles surtout attirent mon regard.
La première représente un civil de dos en chapeau melon hissé sur une charrette. Il s’adresse à une foule de soldats. Il s’agit de l’émissaire russe chargé des troupes Serge Svatikoff venu haranguer les hommes de la 3ème brigade au bord de la révolte à Felletin. Une autre photo a déjà été publiée dans l’ouvrage de Mrs Gorokoff et Korliakov " Le corps expéditionnaire russe en France et à Salonique " où on voit l’émissaire russe sur la charrette mais de profil.
La deuxième montre un homme avec un visage aux traits volontaires. Il est dans un lit d’ hôpital, gardé par un tirailleur sénégalais. Il s’agit de Kadiaïev, un des dirigeants des comités de soldats de la 1ère brigade. Considéré comme un "meneur " par l’ état-major Il sera durement incarcéré malgré la gravité de ses blessures reçues pendant les combats d’avril 1916.
Des clichés enfin sont titrés : "Rassemblements " Il s’agit de meetings de la 1ère brigade au château de Bayé en Haute-Marne. D’autres photos enfin, représentent de tristes scènes de soldats tués avant leur inhumations.
[**" Que font ces photos au grand séminaire de Laval ? "*]
Laval a accueilli la base russe qui gérait militairement et administrativement le sort des soldats russes après l’écrasement de la mutinerie de la Courtine en septembre 1917. C’est à Laval qu’on été notamment constituées les compagnies de travail. Selon les informations de l’archiviste, le grand séminaire de la ville a hébergé des russes. Rien d’étonnant donc à ce que l’on y retrouve des documents en rapport avec l’histoire du corps expéditionnaire russe en France.
[**Pourquoi ces clichés ont-ils été laissés là ?*]
Lorsqu’on les considère attentivement, ils ont un point commun. Ils présentent tous sans exception un ou plusieurs défauts techniques : Surexpositions, décadrages, flous, etc.... Cela signifie que le ou les photographes ont sélectionné les meilleurs clichés pour publication et délaissé les autres. Des rebuts en quelque sorte.
Il n’ empêche, ces défauts techniques ne rendent que plus précieux ces clichés. Totalement inédits ils refont surface un siècle après les évènements qu’ils ont fixés. Cette irruption inattendue du passé porésentent un intérêt évident pour nos amis historiens mais aussi pour nous descendants de ces simples soldats. Ils dégagent une charge émotionnelle très forte.
Il faut à ce titre saluer l’intérêt que les archivistes des lieux en particulier Madame Gomez ont manifesté pour ces plaques de verre et les soins qu’ils vont apporter pour leur conservation.
Nous les remercions également d’autoriser en exclusivité leur diffusion sur notre site.