Le colloque organisé samedi 30 avril au musée d’histoire de Marseille par notre association dans le cadre du centenaire de l’ arrivée à Marseille de la 1ère brigade russe a été un plein succès.
Le lieu, la qualité des interventions des historiens et la présence des déescendants ont contribué à la réussite de l’ évènement.
- Colloque de Marseille du 30 avril 2016
Samedi 30 avril s’est tenu au Musée d’Histoire de Marseille le colloque scientifique organisé par notre association sur le thème « L’épopée des soldats russes en France de 1916 à 1920 », ce colloque commémorant également le centenaire du débarquement du corps expéditionnaire russe dans le port de Marseille.
130 personnes étaient présentes, parfois de loin, de très loin, bien qu’en la matière il faille relativiser quand on pense au périple qu’accomplir les soldats du Corps Expéditionnaire russe.
En préparant ce colloque nous ne pouvions pas rêver d’un lieu aussi emblématique et prestigieux que cet auditorium du Musée d’Histoire de la Ville de Marseille.
Au nom de l’association nous avons remercié pour leur accueil Monsieur Laurent Védrine, Directeur du Musée, Monsieur Yves Davin Responsable de l’administration générale, Madame Sophie Deshayes Responsable de la Programmation culturelle qui a tout de suite adhéré à notre projet ainsi que Monsieur Damien Degrémont qui assurait la régie générale de cette journée.
L’ouverture du colloque par Le président Jean-Louis Bordier a été l’occasion de présenter notre jeune association « La Courtine 1917 » dans les termes suivants :
« C’est tout à l’honneur de libres penseurs de la Creuse, il y a plusieurs années, d’avoir soulevé un coin du voile qui recouvrait cette affaire de La Courtine, qui même en Creuse, était peu ou pas connue. C’est tout à l’honneur de l’association de la Libre Pensée de la Creuse d’avoir pris l’initiative de lancer une souscription nationale (plus de 150 souscripteurs) qui a permis l’érection d’une stèle (le 15 septembre 2012) dans le cimetière de La Courtine.
Après l’inauguration de cette stèle, en présence notamment de notre camarade Marc Blondel alors Président de la Fédération Nationale de la Libre Pensée, un certain nombre d’entre nous se sont posés la question : « et maintenant que fait-on ? » Et il a fallu près de deux ans (18 janvier 2014) pour que naisse l’association « La Courtine 1917 ! » qui s’est donné pour but principal de faire connaitre cette incroyable épopée du Corps Expéditionnaire russe en France.
- Une tribune bien remplie !
- De droite à gauche : Le président Jean-Louis Bordier, le consul de la Fédération de Russie, les historiens et Claudine cimatti.
Depuis deux ans, nous avons organisé une trentaine de conférences un peu partout en France, réalisé une exposition itinérante, créé et édité deux exemplaire de notre revue « Les Cahiers de La Courtine » dont le dernier numéro Hors-série fraichement imprimé, rédigé par Rémi Adam, est consacré aux mutins de La Courtine embastillés au fort Liédot dans l’île d’Aix. Nous avons également pris un certain nombre d’initiatives dont nous aurons l’occasion de parler au cours de cette journée, sans oublier notre site internet qui nous à permis de fabuleuses rencontres…
- Monsieur Sergey Molchanov Consul Général de la Fédération de Russie à Marseille
Monsieur Sergey Molchanov Consul Général de la Fédération de Russie à Marseille nous fait l’honneur de sa présence parmi nous. Dans sa prise de parole, le Consul Général a remercié l’association La Courtine 1917 de l’avoir invité à ce colloque. Il a affirmé qu’il était heureux de participer à ces travaux de recherche historique sur l’histoire du corps expéditionnaire russe en France et il a indiqué qu’une cérémonie aurait le 12 mai à Marseille sous l’égide de l’Ambassade Russe et du Consulat de Marseille pour l’inauguration d’une plaque commémorant le 100ème anniversaire du débarquement des troupes russes et que l’association La Courtine 1917 était invitée à cette cérémonie.
Ce fut ensuite au tour de Monsieur Laurent Védrine, directeur du Musée d’Histoire de prononcer une allocution de bienvenue indiquant tout le plaisir qu’il avait à recevoir ce colloque et l’association La Courtine 1917. Il a rappelé l’implication du Musée dans les manifestations commémoratives de 14-18 et que récemment s’étaient tenues dans ce même lieux des conférences avec une exposition sur la thématique du front d’Orient.
- L’ historien Jean-Yves Le Naour sous le ragrd attentif de Jean-Jacques Marie
La première communication d’historien présentée fut celle de Jean-Yves Le Naour qui traita avec brio de la situation internationale et de la guerre en 1914 et 1915 pour aborder ensuite dans la deuxième partie de sa communication l’arrivée des soldats russes le 20 avril 1916 à Marseille. Il projeta ensuite 4 minutes de films d’époque montrant l’accueil plus que chaleureux réservé par les marseillais aux soldats russes.
Ensuite des extraits du carnet de guerre du soldat russe Stéphane Gavrilenko furent lus par son fils, notre ami Jean Gavrilenko. Ce fut au tour de Françoise Barlési de lire en russe un poème du carnet de guerre de Serguei Ivanoff dont la petite fille Claudine Cimatti-Ivanoff lue la traduction en français. Et puis, Jean-Paul Gady donna lecture d’un texte de Rodion Malinovski relatant son arrivée le 20 avril 1916 à Marseille. Il indiqua que cette traduction, comme beaucoup d’autres depuis deux ans, avait été faite par notre amie Danièle Carrance, une des pièces maitresses de notre association à qui il souhaitait de se remettre bien vite de ses soucis de santé qui lui empêchaient d’être avec nous à ce colloque.
- Didier Yazlovetsky-Cerf descendant devant la photo de son grand-père
- Pendant le colloque ont été projetées, les photos accompagnées d’une courte biographie pour chaque soldat représenté par ses descendants.
L’historien Jean-Jacques Marie clôtura la matinée par la présentation de sa communication intitulée « De la conférence de Kienthal d’avril 1916 au déclenchement de la révolution russe ». Son propos montra tout particulièrement de façon très détaillée comment les militants internationalistes combattirent pour le refus de la guerre, contre le vote des crédits de guerre dans les différents parlements, un combat lié à l’exigence de la sortie des ministres socialistes des gouvernements d’Union sacrée.
- Les historiens. Rémi Adam et Jean-Jacques Marie
Vint le moment de se restaurer et ce fut autour d’un buffet bien achalandé de succulents produits creusois fournis par l’association « Bienvenue à la ferme ». Cette association ayant offert gracieusement le jus de pomme bio et le vin rosé de Chateaumeillant, ce dont nous les remercions très chaleureusement. Au cours de ce buffet, tous les participants purent faire plus ample connaissance avec en arrière fond sonore les mélodies traditionnelles russes égrenées par l’accordéon de notre camarade Loïc Le Diuzet.
Moment d’émotion pour la photo souvenir des 11 descendants de soldats russes, enfants, petits enfants et arrières petits enfants, qui purent ainsi se connaître, grâce tout particulièrement à deux de ces descendants membres de notre association, Claudine Cimatti et Eric Molodtzoff.
- Les 11 descendants de soldats du Corps expéditionnaire russe
- Nous voilà réunis pour la 1ère fois. 100 ans aprés nos aïeux qui combattirent côte à côte dans les tranchées de Champagne.
A la reprise des travaux en début d’après midi, il revint à l’historien Rémi Adam spécialiste de l’histoire du corps expéditionnaire russe de nous présenter cette épopée avec bien évidemment l’histoire de la mutinerie de la Courtine. Il le fit en montrant avec précision et force détails comment et par quels canaux la « contagion » que portait les soldats russes en arrivant en France s’était étendue et avait innervé l’ensemble du corps expéditionnaire et comment la révolution s’était frayée un chemin jusque dans les tranchées du front en Champagne.
Puis, fut ensuite projeté le film de Patrick Le Gall « 20 000 moujiks sans importance » qui fut suivi d’un débat et d’échanges nourris pendant près d’une heure entre les participants et les historiens.
Nous approchions de la fin de ce passionnant et fructueux colloque et j’ai proposé à Eric Molodtzoff d’en faire en quelque sorte la conclusion, ce qu’il a très bien fait et dans des termes émouvants, une conclusion très appréciée si j’en crois les longs applaudissements qui ont suivi, la voici :
« A l’issue de ce colloque, deux réflexions me viennent immédiatement à l’esprit.
La première est la valeur d’exemple que représente l’histoire des soldats du Corps expéditionnaire russe en France. Elle prouve que des hommes condamnés par un pouvoir hiérarchique à poursuivre un destin qu’ils refusent peuvent décider de ne plus subir. C’est d’autant plus méritoire que les soldats russes venaient d’une société écrasée par un régime autocratique fondé sur l’injustice de classe et la répression de toute velléité de liberté. Je pense que cette leçon est toujours actuelle.
La seconde est la puissance de la censure. Il aura fallu près de 70 ans pour que l’histoire du Cerf, en tout cas la partie cachée de la mutinerie et de sa répression soit sortie des oubliettes de l’histoire.
Je n’ai pas la prétention de m’ériger en porte-parole des descendants mais je pense qu’ils seront d’accord avec moi pour ce qui suit :
Je voudrais d’abord saluer le travail des historiens. On sait leur rôle fondamental dans la société mais vous pouvez imaginer sans peine l’immense aide qu’ils nous apportent dans nos recherches familiales respectives. Jusqu’à un passé récent les descendants devaient se débrouiller seuls pour reconstituer l’histoire de leurs aïeux avec comme maigre point de départ quelques photos et anecdotes pour les plus chanceux. Grâce aux travaux des historiens nous avons pu replacer chaque destin individuel dans la grande histoire du corps expéditionnaire russe.
Je ne voudrais pas que ce colloque s’achève sur une image totalement négative.
En effet, la France qui les a réprimés est aussi celle qui après la guerre va accueillir ceux qui vont souhaiter rester. Elle leur donnera la nationalité française pour la plupart, leur donnera du travail et leur permettra de fonder une famille. Nous sommes le résultat, nous descendants aussi de cette France là.
Nos échanges à l’occasion de ce colloque nous ont permis aussi de constater que notre père, grand-père ou arrière grand-père respectif n’a pas souhaité transmettre la langue et la culture russe. En analyser les raisons nécessiterait un autre colloque. Nous pouvons constater que 100 ans après les faits, la question de nos origines russes font irruption dans notre présent. Ainsi nous ne sommes jamais quitte avec notre histoire.
Voici un siècle nos aïeux étaient camarades. Ensemble ils tentaient de survivre dans l’horreur des tranchées. Je serais curieux de savoir ce qu’ils penseraient de voir 100 ans après, leurs descendants réunis aujourd’hui en leur nom. »
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Ce colloque a été entièrement enregistré en audio et en vidéo. Les actes, avec l’intégralité des communications des historiens, paraitront dans une publication
Le 25 juin prochain à La Courtine tiendra son Assemblée générale annuelle qui aura à discuter de nouveaux projets, en particulier celui concernant les trois jours d’évènements commémoratifs du centenaire de la mutinerie de La Courtine et ce sera en septembre 2017.