Projection du film « Les mutins de La Courtine » en avant première le 6 novembre à Limoges .
Ce nouveau film de 52 minutes sur la mutinerie a été réalisé par Pierre Goetschel, coproduit par FR3 Limousin (voir en page 19 du document ICI) et Leitmotiv Production. Vous trouverez ci-dessous l’interview du réalisateur accordée à notre association . Ce film va être projeté en avant-première vendredi 6 novembre à 20h30 au Théâtre de l’Union, 20 rue des coopérateurs à Limoges.
Il y aura un débat et un pot de l’amitié après la projection et juste avant celle-ci la troupe Les Amis de Louise interprétera la chanson « Les mutins de La Courtine » tirée de son spectacle « Hommage à Jaurès ».
LC 1917 : Que raconte votre film ? Comment et avec qui avez-vous procédé pour traiter la mutinerie des soldats russes en 1917 à La Courtine ?
Piere Goetschel : Comment raconter une histoire, aussi riche en péripéties et si méconnue alors que les témoins directs ont tous disparu et que les images abondantes contrôlées en temps de guerre, et véritables outils de propagande, ne relatent pas la globalité du récit et masquent pour l’essentiel, la réalité des évènements ?
Devant l’absence de témoins directs et l’incroyable richesse des sources historiques sur le Corps Expéditionnaire Russe en France, j’ai pris le parti radical de ne pas faire un travail de mémoire, mais d’adopter un point de vue enquêteur et historien. Dans le même temps, j’ai fait un autre choix formel radical, celui de raconter cette histoire par les documents eux-mêmes et de donner la parole aux archives sans qu’un commentaire ne vienne dicter le récit du film.
Celui-ci s’est composé à partir d’un travail minutieux d’exhumation de documents historiques (lettres issues du contrôle postal, échanges administratifs de l’Etat major avec le gouvernement français et les représentants du gouvernement provisoire russe, journaux personnels, rapports secrets, journaux, presse révolutionnaire russe en France…). Ils composent la chair du récit, sa tension, sa dramaturgie.
Pour les images, là encore les sources se mêlent. Entre photos, films de propagande et fictions cinématographiques. Il nous est en effet apparu intéressant d’utiliser aussi cette « mémoire fictionnelle » en retrouvant plusieurs films de fictions –soviétiques pour l’essentiel- qui évoquent les troupes russes en France.
Nous avons donc tenté de faire un récit polyphonique, où le spectateur puisse être lui-même plongé au cœur de l’intensité dramatique de ces événements, tout en lui proposant des mises en perspectives historiques, avec l’intervention de plusieurs historiens, notamment Alexandre Sumpf, Remy Cazals, André Loez et Sophie Coeuré.
Au delà du micro-événement que constituent les événements de la Courtine, ceux-ci forment une chambre d’écho saisissante face aux grands événements de 1917, année des mutineries en France et de la révolution en Russie. Nous avons ainsi souhaité enquêter sur la manière dont les soldats russes en France avaient été « travaillés » par les milieux révolutionnaires russes en France.
Histoire singulière entre guerre et révolution, la destinée des soldats russes en France qui aboutira à la mutinerie de la Courtine reste fascinante sur bien des aspects : si elle fait bien sûr écho aux révolutions en Russie de 1917, elle anticipe et préfigure –à toute petite échelle- la guerre civile qui débutera un an plus tard en Russie.
Cette histoire dévoilée par bribes, au fil du temps, le plus souvent de manière partisane ou militante n’a jamais connue de version officielle. Notre film tente de la raconter, à sa manière singulière, en « revenant aux sources ».