A paraître en février 2024, le prochain Hors-Série des Cahiers de La Courtine 1917
« Un hommage aux ex-militaires des brigades spéciales russes dans l’est de la France »
Ce fut au cours de laborieuses recherches qu’en 1978 Gilbert Cahen apprit par sa famille que du côté maternel, sa grand-mère était une Franc-Comtoise, malheureusement décédée, et, très surprenant, son grand-père un Russe. Sur le moment, cette révélation lui apparut très étrange, mais des ouvrages historiques sur la guerre 14-18 lui apprirent assez rapidement, quoique succinctement, ce qui avait bien pu se passer.
À cette époque-là, le temps lui manquant et l’URSS étant hermétique à toute demande de type généalogique, ses investigations durent en rester à ce stade flou jusqu’à ce qu’en 2008 il prit sa retraite de professeur et put alors se consacrer entièrement à la recherche sur cet énigmatique grand-père. En outre le mur de Berlin étant déjà tombé depuis longtemps cela facilita grandement l’accès aux Archives russes. Par la suite, il toucha à tous les sujets tournant autour des brigades russes spéciales octroyées à la France par le Tsar Nicolas II. C’est de cette manière qu’il s’intéressa à cette question sans qu’aucune vocation ne l’y prédestinait autre que le hasard de l’histoire…
Il avoue même que l’histoire militaire n’était aucunement sa passion. Cela dit, après avoir reconstitué dans un premier temps le parcours de son aïeul russe dans la période 1916-1920 et ensuite travaillé longuement sur ces brigades russes spéciales d’un point de vue général, il constatait sans surprise qu’il n’était pas un cas unique : aussi fit-il la connaissance de quantité d’autres descendants de ces soldats russes venus combattre en France. Comme on le sait aujourd’hui, la majorité de ces derniers retourna dans leur pays, mais une minorité resta dans l’hexagone, notamment dans l’est et plus particulièrement en Franche-Comté.
En dépit de son aversion viscérale pour la guerre, il lui paraîtrait tout de même malhonnête de ne pas reconnaître l’indéniable mérite que ces soldats eurent d’être si longtemps éloignés de leur terre natale, de leur famille, de leur culture, toute absence propice à la nostalgie, sans parler du risque d’être blessés ou malades ou pire encore de mourir loin des leurs.
Dans le prochain Hors-Série des Cahiers de La Courtine1917 à paraître en février 2024, Gilbert Cahen se propose de rendre hommage à ces ex-militaires des brigades russes, quel que fût leur grade, en reprenant l’histoire de quelques-uns dont le récit sera amélioré de récentes recherches en provenance de France et de Russie.
Le lecteur reconnaîtra sans doute certains de ces hommes, mais d’autres lui seront moins connus. Des extraits de journaux personnels de soldats russes étayeront notamment le récit. Des tableaux de recensement sur neuf départements de l’est de la France donneront une idée de l’immigration russe dans ces régions - ex-militaires des brigades spéciales et ex-prisonniers de guerre libérés - ce qui pourra éventuellement aider à la recherche d’un parent ou grand-parent russe ou fournir d’autres précisions à leur sujet. Un cahier iconographique illustrera l’ensemble du propos.
D’une manière générale les anciens militaires des brigades spéciales qui se sont installés en France furent plutôt discrets, certes sur leur passé russe et de soldat, mais aussi dans leur vie d’immigré, sans doute par souci de se fondre dans la population française. Quelques-uns pourtant se distinguèrent en devenant maires de leur village ou résistant pendant la Seconde Guerre mondiale. En leur rendant hommage à tous, nous les ramenons un peu dans la lumière, nous les faisons
s’installer dans la mémoire collective, nous créons dans leurs descendances une juste fierté parfaitement respectable.